A Letter To MomoRéalisation & Scénario : Hiroyuki Okiura (Jin Roh)
Animation : Production IG (Sky Crawlers)Momo, jeune fille tokyoïte de treize ans, déménage avec sa mère sur l'île reculée de Shio. Son père, décédé quelques semaines plus tôt, lui a laissé pour seul souvenir une lettre inachevée après son amorce "Ma chère Momo...".
Dans ce nouvel environnement rural peuplé d'adolescents qu'elle ne connait pas, Momo passe ses journées à méditer en fixant ces mots sur le papier. Jusqu'au jour ou trois diablotins venus du Royaume des Morts font irruption à Shio...J'avais prévu d'ouvrir ce topic avant d'oublier. C'est chose réparée.
Dans le créneau archi-concurrentiel et si rebattu des anime mettant en scène de jeunes japonais partis l'été en milieu champêtre pour vivre une expérience nostalgique et sentimentale matinée de surnaturel,
A Letter To Momo fait bonne figure. La raison en est que le trélon-métrage (presque 120 minutes) ne se positionne pas uniquement comme étant une mixture de moments
slice-of-life indolents, mais adopte aussi fréquemment des accents comiques - via les pitreries des diablotins - qui le dynamisent efficacement. Le réalisateur met également tout en oeuvre pour nous rendre l'associale Momo attachante et y parvient sans nulle peine ; le personnage, d'abord affolé par l'irruption des émissaires de l'au-delà - l'occasion de scènes de panique délicieuses - devient progressivement une sorte de grande soeur pour les trois empotés. Si ce n'était l'une des dernières séquences du film, sur la plage, et sa manière un peu trop insistante de tirer la corde mièvre du violon pour arracher des larmes, je dirais que
A Letter To Momo accomplit tout à fait sa mission.
Techniquement, car c'est ce que l'on retiendra, le film a connu six années de développement... ça donne une vague idée de la qualité d'animation ahurissante dont il bénéficie - ça vole très très haut, même pour du Production IG. Je serais étonné que l'on trouve un intervalle mal dessiné en près de deux heures de film. S'il fallait émettre des réserves d'ordre graphique, on pourrait discutailler le choix qui consiste à représenter les créatures de l'autre monde avec des traits simplistes et du
digipaint rudimentaire, une méthode qui avait certainement pour but de "cartooniser" ces espèces de oni-farfadets, mais qui en même temps crée une esthétique à l'intérieur de l'esthétique et donc un fort contraste. En-dehors de ça, c'est juste la rolls royce de l'anime bucolique : le top niveau à chaque mouvement.
Pour ceux qui aiment cette animation japonaise du quotidien, post-Ghibli et un tantinet mélancolique, cette fois avec une pointe d'humour en sus,
A Letter To Momo est probablement une recommandation qui s'impose.