J'aurais aimé lui créer un sujet dédié, mais j'ai peur que celui-ci n'intéresse personne.
Isabelle de Paris : Série de 13 épisodes diffusée en France il y a une éternité, difficilement trouvable dans sa version française mais dont une équipe de fansub s'est récemment occupée.
Nous suivons la vie d'Isabelle, jeune fille de la haute-bourgeoisie française, de la défaite de Sedan de 1870 jusqu'au dernier jour de la Commune de Paris en 1871. Oui, il s'agit bien d'un anime sur la Commune, sujet qui même en France n'est que rarement abordé (il risque de donner de mauvaises idées).
Evidemment, la réalité historique est plus ou moins bien respectée, Japon et vision romantique obligent. Les grandes lignes sont là, et la série insiste bien sur les motivations égoïstes et économiques du gouvernement français. Par contre, elle n'évoque ni la Troisième République, ni les spécificités révolutionnaires de la Commune, Gambetta devient ici un général, et Adolphe Thiers a sous ses ordres des maitres du ninjutsu français. En contrepartie, elle n'édulcore pas les passages les plus sanglants de l'Histoire.
Techniquement, l'anime est faiblard, avec une animation limitée et du recyclage. Néanmoins, le studio a parfaitement conscience des limites de son budget, et le réalisateur compense avec l'ajout d'une narratrice, une certaine stylisation, et beaucoup de plans fixes, dont certains rappelant l'aquarelle sont vraiment jolis. L'utilisation de ces-derniers vient souvent souligner l'émotion d'une scène, cela fonctionne bien. Mais nous restons très, très loin de Lady Oscar, dont ce titre est clairement inspiré.
Si je devais faire un reproche, c'est que le générique (japonais) nous vend une héroïne bien plus active et indépendante qu'elle ne l'est réellement dans la série. Elle est toujours accompagnée d'un personnage masculin, souvent là pour la sauver où prendre l'initiative. Même son ami d'enfance, pourtant présenté comme un pleurnichard, participe plus volontiers à l'action et se montre plus décisif. Alors certes, pour une adolescente de 1870 élevée dans le luxe et le confort, elle a sans doute plus d'aptitudes physiques et de courage, mais cela demeure peu exploité.
Ce qui fait d'Isabelle de Paris un titre intéressant, ce sont à la fois son contexte historique et le récit qu'il nous narre à travers ses nombreux personnages. Nous trouvons de grandes aventures, de l'action, du sang, des larmes, mais l'écriture a bien pris acte du format de 13 épisodes, faisant que cela ne semble jamais trop précipité (même si nous sentons peu que huit mois se sont écoulés entre le début et la fin). Elle arrive même à nous proposer une entame moins portée sur l'action, nous permettant de découvrir les protagonistes et de nous y attacher, ce qui sera crucial par la suite.
La série possède des défauts, c'est indéniable. Que ce soit dans sa technique, ou certains incongruités, comme un homme de main aussi massif qu'invincible nommé Karloff. Le rôle dévolu à Isabelle m'a personnellement déçu, sur la longueur. Un final sans concession me pousse toutefois à considérer qu'il s'agit d'une œuvre à découvrir, malgré ses faiblesses.