Anime : Devilman Crybaby

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ChaosLink
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Anime : Devilman Crybaby

Messagede ChaosLink le Sam 06 Jan 2018, 18:02

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Original work : Go Nagai/DEVILMAN
Director : Masaaki Yuasa
Screenplay : Ichiro Okouchi
Music : Kensuke Ushio
Studio : Science Saru
Productor : Aniplex Inc./Dynamic Planning Inc./Netflix
Synopsis : Alors que les démons se sont réveillés et que l'humanité est dans la tourmente, un jeune démon sensible est poussé dans une guerre brutale contre le mal par son ami Ryo.

Ca y est, la série est enfin sortie hier en simultanée dans le monde et je l'ai bien évidemment maté dans la foulée. Tiens-t-elle face au train de la hype qui a été monté durant des mois ? OUI ! PUTAIN, MILLE FOIS OUI ! LE TRAIN DE LA HYPE DÉFONCE TOUT SUR SON PASSAGE ET NE S’ARRÊTE JAMAIS ! IL ATTEINT SA DESTINATION FINALE ET LA TRANSPERCE POUR S'ENVOLER VERS L'INFINI !

Déjà, Devilman Crybaby adapte le manga en entier, du début à son final, tout en adaptant l'histoire à notre époque et en retirant les passages les plus ratés/inutiles du manga (les voyages dans le temps, notamment) Cette actualisation se sent surtout dans le personnage de Ryo, qui a été énormément retravaillé pour coller. Ha, et idée géniale que d'avoir fait que le manga/l'anime originale de Devilman existe dans cet univers.
Je n'ai pas lu le manga depuis quelques temps, donc je n'en ai pas de souvenirs vraiment précis, mais il est possible que certains personnages soient modifiés/nouveaux. En tout cas, tout les passages et les personnages importants sont là. Après, la série ne fait que dix épisodes de 25 minutes, donc autant vous dire que ça va vite. Les événements s'enchaînent bien et la série sait trouvé un rythme plutôt bon pour mélanger l'action intense et des moments plus posés/intimes entre les personnages.

Après, Netflix le permettant, c'est des persos à poils, du sexe et de l'ultra-violence à chaque épisode; sans aucune retenue. Le style de Yuasa se marie étrangement bien à celui de Go Nagai dans certaines scènes et je suis particulièrement fan de l'aspect graphique de l'anime dans son ensemble. Après, soyons honnête, l'anime n'est pas parfait non plus : ça sent le manque de moyen et/ou d'expérience sur certaines scènes, et tout les animateurs n'arrivent pas à retranscrire le style de Yuasa comme il faut. La réalisation est un peu trop brusque ou étrange par moment aussi, ce qui fait qu'on a des scènes vraiment chelou (ou juste moche par moment) Mais à côté, on se prend des visuels et des idées de réalisations tellement incroyable que ça contre-balance complètement.
L'OST est également très cool et elle accompagne très bien l'anime, tout en aidant à son intégration dans un contexte plus moderne. Outre le remix du générique d'époque qui dépote, il y a une ambiance électro et rap dans toute la série qui passe vraiment bien et qui reste même en tête par moment.

Enfin, le message d'origine du manga est parfaitement conservé dans cette adaptation et il est toujours autant d'actualité, plus qu'il ne l'a jamais été. Yuasa arrive même à y mettre sa propre interprétation de l’œuvre et a délivré un message d'espoir et d'amour. Tout en gardant la fin original. Et le titre est à 100% justifier d'ailleurs.

Enfin bref, courrez voir la série si ce n'est pas encore fait, vous en aurez pour votre argent. C'est clairement le genre de série qui me rappelle pourquoi je regardes encore et toujours de l'animation japonaise et qui ravive la PASSION et c'est pas rien à l'heure actuelle.
Dernière édition par ChaosLink le Sam 13 Jan 2018, 23:43, édité 1 fois.
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Chnap
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Re: Devilman Crybaby

Messagede Chnap le Sam 06 Jan 2018, 21:05

Ça fait plaisir de voir qu'en 2018 il est encore possible de faire des animes qui portent leurs couilles tout du long, avec cette impression de ne se donner aucune limite. C'était plus ou moins attendu étant donné l'oeuvre source et connaissant monsieur Yuasa, mais le constater reste une superbe surprise.

Ceci dit je dois poser un bémol. Je m'y attendais depuis l'annonce du projet, le style visuel propre à Yuasa s'accorde difficilement avec la brutalité de Devilman. C'est un sentiment qui semble peu partagé, mais le caractère très simpliste du design a beaucoup parasité l'intensité qu'a cherché à me retransmettre l'oeuvre lors des scènes de très grande violence. Problème d'immersion.
Pour être honnête j'ai toujours eu beaucoup de mal avec Yuasa, autant pour ses choix de réalisation que visuel. Je n'adhère pas du tout à cette absence totale de détail, de nuance dans les couleurs, ou encore de la pauvreté shaftienne des décors. C'est un style, mais pas ma came.
Maintenant faut pas déconner, globalement l'anime a réussi à me faire voir au-delà, notamment grâce à son rythme effréné (je vous mets au défi de vous ennuyer). Rappelez-vous du premier tome du manga, ici expédié dans le premier épisode tout en étant très efficace.
L'adaptation se permet beaucoup de liberté. En dehors de la modernisation (qu'avaient amorcé les OAVs), c'est l'ajout de nouveaux personnages secondaires et d'un setup étudiant avec ces courses qui jouent beaucoup sur le relationnel. Je reste encore assez dubitatif quand à cet ajout hérité de Ping-Pong, même s'il est toujours bon de voir une adaptation qui ne se contente pas d'un simple copié/collé de l'oeuvre source. Egalement la constitution d'un passif pour nos protagonistes qui engendrera nombre de flashbacks, ces derniers étant je trouve gênant sur la fin. Enfin une dimension sexuelle sinon inédite radicalement accentuée, logique étant donné l'environnement adolescent.

J'ai découvert Devilman avec les 3 OAVs, ce sont eux qui me l'ont fait aimer. Je pense surtout à Amon: The Apocalypse of Devilman qui, malgré nombre de défauts, représente pour moi à la perfection l'esprit Devilman: brutal, dérangeant, sans espoir. Sans parler d'idées de malade à base de lancer de train (!?).
C'est pas mon truc de faire des comparaisons bêtes et méchantes, mais pas de chance pour Crybaby ce dernier OAV m'est resté en tête pendant toute la fin.
(spoil fin Crybaby & Amon)
[Montrer] Spoiler
Amon présentait la mort de Miki en instaurant une ambiance qui prend tout son temps, nous laissant spectateur de l'horreur d'un enfant qui voit sa tête plantée au mur par une flèche, d'un homme commençant une décapitation. Puis la jeune fille découvrant lentement son petit frère sans tête dans un plan sanglant, pour enfin voir ces hommes fou furieux derrière elle, l'un d'eux s’apprêtant à l'attaquer au sabre. La scène se déroule dans un silence total. Plus tard on verra ces hommes jouer plusieurs secondes avec la tête, puis plus tard encore un flashback horrible sur la mort de Miki, à terre, entourée et se faisant planter à plusieurs reprise, criant et gémissant jusqu'à ses derniers tremblements.....
Cette scène dans Crybaby est à l'image de son rythme effréné, reprenant le manga. Miki est aidée, en fuite face à un danger qu'ils ont vu venir. Le moment de sa mort est entrecoupé de flashbacks qui gâchent quelque peu la descente aux enfers. Ces flashbacks, auxquels je rajoute la musique, cherchent à provoquer la tristesse chez le spectateur. Je trouve dommage de ne pas avoir joué la carte de l'horreur, de la brutalité froide, comme dans Amon, ou non. La tristesse est forcément présente, pas besoin de forcer la chose. La scène n'est pas assez devil à mon goût, il ne s'agit pas seulement de faire fuser le sang.

Mis à part ça je n'ai jamais été fan de la toute fin du manga, pour ce qui touche à Ryo et le combat final. Si l'anime améliore largement ce premier point, le combat m'a laissé presqu'impassible. Pour une fois qu'une non-fin m'aurait contenté.


Côté musique Kensuke Ushio nous rappelle Ping-Pong. Son style s'accorde très bien à l'anime, certains morceaux déchirent comme on dit. Les musiques tristounettes par contre me sont passées au dessus, simplistes et donnant une impression de déjà-vu. Maintenant je n'ai pas terminé la playlist.
Qu'on se le dise les scènes rap sont tip-top.

C'était quand la dernière fois qu'on a eu un anime de cette trempe ?

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Aer
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Re: Devilman Crybaby

Messagede Aer le Dim 07 Jan 2018, 21:40

Vu les quatre premiers épisodes et, pour le moment, c'est intéressant. Que ce soit graphiquement ou le style de Yuasa se marie à merveille avec celui de Nagai, ou dans les changements de scénario qui sont pour l'instant raccord avec la proposition de base sans trahir l’œuvre originale.
C'est bien fifou, le rythme est enlevé, et sans aucune censure en effet (je trouve ça un poil too much parfois, d'ailleurs).
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Re: Devilman Crybaby

Messagede Geoff34 le Dim 07 Jan 2018, 22:04

Tiens, quelqu'un a fait une comparaison avec Lastman pour le traitement des roitelets et des démons.
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Re: Devilman Crybaby

Messagede Ialda le Dim 07 Jan 2018, 22:30

Vu que les quatre premiers épisodes aussi pour l'instant mais j'ai l'impression que c'est peut-être bien l'adaptation la plus fidèle du manga qu'on ait pour le moment - malgré ou plutôt grâce aux libertés qu'elle prends pour moderniser le vieux Devilman du manga de 70 ou développer certains persos (Sirène un peu, Miko beaucoup).

Je trouve que le travail de Yuasa sur la franchise est fascinant. Tout son talent est mobilisé - celui rond et mutant de Kaiba comme son trait Plymptonesque de Kemonozume. Le résultat colle parfaitement, organique et viscéral comme une orgie démoniaque dans un épisode de Urotsukidoji, on en mangerait.

Le côté trashouille de la série fait beaucoup aussi pour donner un cachet très anime des années 90s à la série, on sent que Netflix est plus libéré de ce côté que la télé nippone. Bénis soient-ils.

C'est exactement ce que l'étiquette Yuasa + Devilman promettait.
Et mieux que ça : le genre de série que j'aurais aimé voir depuis 15 ans si l'industrie de l'anime ne s'était pas perdue en route.

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Re: Devilman Crybaby

Messagede Aer le Lun 08 Jan 2018, 15:15

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Re: Devilman Crybaby

Messagede guwange le Lun 08 Jan 2018, 16:27

Vendredi soir, j'avais regardé le premier épisode et j'avais aimé sans +.
Je n'étais pas encore dans le trip quoi, j'avais + l'esprit critique du genre, c'est quoi ce rap , c'est quoi ces explosions de gerbes qui ne valent pas le design tentaculaire des ova des 80's et 90's.
Et je trouvais que ça allait trop vite, le flashback trop rapide, le pote de Akira qui revient et lui expose en 2 secondes les enjeux et Akira est partant direct. C'est trop rapide, trop vite expédié.

Hier soir, je me dis, allez fais un effort, regardes le second épisode.
Et là, c'est le jour et la nuit, je suis enfin rentré dans le délire car Akira n'est plus une tapette, il est virile et là, ça change toute mon implication dans l'anime. Son comportement se marie bien avec l'ambiance dévergondé que cherche à instaurer Yuasa.
Je suis motivé à poursuivre la suite, c'est bon, je suis dans la Yuasa hype. :mrgreen:

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Re: Devilman Crybaby

Messagede Xanatos le Lun 08 Jan 2018, 17:06

Je partage tes critiques au sujet du premier épisode.

J'avais trouvé l'animation un peu raide dans la première moitié et, effectivement, la narration était beaucoup trop expéditive. Je n'y retrouvais d'ailleurs pas l'ambiance ensorcelante, angoissante et cauchemardesque qui fit l'immense force du premier tome du manga de Go Nagai ainsi que celle de l'OAV de 1987 réalisée par Umanosuke Lida.
même l'orgie, malgré sa débauche sexuelle, ne paraissait pas aussi décadente que dans l'oeuvre originale et la première OAV.
Ceci dit, la "naissance" de Devilman était malgré tout très réussie et impressionnante.
Toutefois, le niveau s'améliore en effet de façon exponentielle et époustouflante à partir du deuxième épisode, qui est bien mieux animé, beaucoup plus sombre et envoûtant et le troisième épisode est du même acabit. On sent que Yuasa se lâche complètement pour notre plus grand bonheur et l'absence totale d'édulcoration est jouissive à souhait.
Akira Fudô gagne énormément en charisme, mais c'était aussi le cas du manga et de la première OAV où il était au début candide et ingénu, et, après n'avoir fait qu'un avec Amon, il gagne en assurance et en confiance en lui.
On sent effectivement une modernisation et une remise au goût du jour du chef d'oeuvre de Go Nagai, sans en trahir l'esprit, du moins pour ce que j'ai vu des épisodes 2 et 3.

Je regarderai les épisodes suivants avec plaisir. :)
Ceci dit, comme les OAVs et le manga, je suis cette nouvelle série de Devilman uniquement la nuit, cela renforce énormément l'immersion dans cet univers ô combien fascinant. :)
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Re: Devilman Crybaby

Messagede Zêta Amrith le Lun 08 Jan 2018, 19:53

Devilman Crybaby

J’ai bien aimé mais je préviens, je ne ferai que critiquer.
C’était bien, voire un peu plus. Puisque (globalement) assez fidèle. Mais voilà le souci ; c’aurait dû être exceptionnel, et c’est juste bien. C’aurait dû être l’adaptation adulte et définitive du classique de Nagai. Ce devait être gothique, épique, sanglant et mature à la fois. Ca n’est "que" bien. La faute à plein de choses je crois, mais tout particulièrement au fait que la force de Yuasa réside dans la singularité de son graphisme et dans sa sélection de sujets – de ce côté-là il n’a pas commis d'impair, pas franchement dans sa réalisation inégale. Fantastique dans telle scène – ou dans la totale de l’Episode 10 qui est formidable – et parfaitement anecdotique dans telle autre. Le storyboard est remarquable à telle minute, inexistant la suivante. Ainsi il manque une atmosphère "générale", un seuil de base dans cet anime. Il y a des moments que l’on peaufine, en principe les plus cultes, et d’autres qu’on laisse s’organiser dans leur coin, pour un résultat un peu trop hétérogène. De sorte que l’on s’emballe parfois sans s’en rendre compte pour une note d’intention ou un héritage acquis plutôt que pour le nouveau matériel, trop souvent mis en scène sans passion.

L'exposition est en outre relativement faible. Ca n'a pas grande importance pour nous qui connaissons déjà le manga et les adaptations antérieures car cela nous permet de combler inconsciemment les trous. Mais quelqu'un qui n'a jamais entendu parler de Devilman se retrouvera au terme de l'Episode 02 à n'avoir rien compris à qui est Amon ou à la relation d'Akira et Miki. Globalement l’anime paraît un peu décousu, faute d’y avoir inséré une quelconque notion du temps – les dix épisodes n’aident pas ceci dit. Certaines options sont judicieuses – zapper le tome du voyage dans le temps, multiplier les messes noires dans des lieux psychotropes plutôt que la dinguerie de boîte de nuit à même le manoir des OVAs, se débarasser du Masque ou redéfinir les parents du héros en philanthropes plutôt qu’en archéologues sixties – mais tout ce qui consiste à "moderniser" l'histoire avec des piratages d'e-mail ou de GPS et des rappeurs Happy Meal n’a pas de valeur ajoutée. La mise en abyme avec la fiction Devilman à l’intérieur de Devilman Crybaby peine également à développer un sens : ou alors il eut fallu nous dire qu’il s’agissait de la version Toei de 1972, comme pour s’en moquer. On sent la volonté de renouer avec le contexte vaguement social qui sous-tendait l’excellent Ping Pong, mais Matsumoto et Nagai sont deux auteurs opposés de ce point de vue : le premier montre avec détachement, le second hurle en jetant tout ce qu’il lui passe entre les mains. L’écriture est ambivalente, certaines preuves d’intelligence manifestes – la course de relai utilisée comme métaphore d’une société où l’on valorise les valeurs contraires de la compétition et de la coopération – côtoyant quelques dialogues absurdes pas loin du niveau Tomino, la palme revenant à MC Pipo lançant "une relation n’est pas éternelle" à la seconde où le chat de Miki se fait trucider. Devilman s’absente quand l’histoire en a besoin et puis revient pour les mêmes raisons, sans que ça rende très logiquement à l’écran. Le flot de l’anime adopte une démarche factuelle sans se donner les moyens de construire une tension ; être fan est requis pour meubler les cases et reconstituer la richesse topique du récit. Crucial en ce qu’il incarne encore, cinquante plus tard, la dimension adulte et moins gratuite du manga, le lien d’Akira et Ryo est finalement moins mis en avant qu’on ne l’aurait souhaité. C’est pourtant totalement ça qu’on attendait d’une adaptation moderne.

Et puis il y a la question esthétique. Là aussi, on oscille entre immenses réussites – l’instant sacrificiel de l’Episode 09 – et banalités, parfois à l’intérieur d’une même scène. La direction artistique désunie nous offre de superbes décors moyen-âgeux et granuleux représentatifs de ce qu’aurait dû être la série, qu’elle alterne avec des murs blancs ou des présentations aseptisées plus proches des conventions du studio Shaft que du style rugueux de Dynamic et qui nous extirpent du canevas. Le contraste entre le graphisme superflat/infantile propre à l'équipe et le grotesque gorissime de l’œuvre originale fonctionne bien du strict point de vue horrifique, en créant un décalage bizarre, dérangeant et morbide. Mais la violence papier de Devilman était un exutoire adolescent et rageur, utilisée pour agresser le lecteur. Ici au fil des effets choc, c’est une sinistrose diffuse plutôt qu’une énergie destructrice qui s’installe. La musique, de qualité (très) supérieure à la moyenne prise isolément, n’est pas toujours bien utilisée pour commenter l’action.

Reste la version animée la plus complète à ce jour, ce qui en fait déjà intrinsèquement l’un des titres majeurs de 2018. Elle ne démérite en rien sur le fond, conservant absolument tout de l’œuvre initiale, y compris sa fougue anti-guerres impériales et ses accès anarchisants. Le fait que je veuille la regarder une seconde fois dans quelques mois pour vérifier mes impressions me laisse penser qu’il s’agit bien d’un bon anime. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’une continuation tonale et graphique des OVAs aurait mieux rempli son office. La modernité fièrement affichée dans cette adaptation produite par Netflix ne sied pas très bien avec les raccourcis qu’elle opère ; il faut être old-school en diable pour se permettre un personnage tel que Ryo sans y toucher, or Devilman Crybaby ne se satisfait pas de la old-school, et en tant que compromis s’expose à des reproches qui ne lui auraient autrement jamais été adressés. Devilman Crybaby est une suite de scènes de grande valeur, agencées dans un ensemble qui manque de liant dans tous les domaines. J’ai du respect pour le réalisateur, que ce soit ses choix de projet intéressants/courageux, sa trajectoire en rupture avec une industrie hyper-formatée, mais peut-être Devilman était-il justement trop pesant pour lui. Quatre ans plus tard, Ping Pong s’impose toujours comme l’anime essentiel de Yuasa, celui dont fond et forme communient en un même aboutissement.

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Re: Devilman Crybaby

Messagede Ialda le Mer 10 Jan 2018, 19:23


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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Nexus le Dim 14 Jan 2018, 01:31

Fini la série aujourd'hui.
Je n'ai jamais lu un seul tome du Manga de Go Nagai ni ses suites/spin-off.
Et pourtant...
Et pourtant contrairement a ce qu'on peut dire...
J'ai adoré.
J'ai putain de adoré.

Alors oui il y a certainement certaines choses, certaines subtilités voir certaines relations entre personnages que la série n'explique pas ou pas bien, et oui ça va vite, parfois un peu trop.
Mais putain tout le reste.
Le style de Yuasa, le charismes de personnages, l'ost, la mise en scène, les thèmes abordés, et bien évidemment toute la trame scénaristique, c'est beau, c'est puissant, c'est violent, c'est cruel, c'est triste (Cette fin de 9ème épisode putain, je n'avais pas versé une petite larme depuis des années devant un anime).
Aucun anime ne m'avais fait ressentir autant depuis bien trop longtemps, c'est un miracle que cette série existe à l'époque actuelle.

Merci Yuasa/ScienceSaru.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede guwange le Mar 16 Jan 2018, 14:13

Moi, je suis sur la même longueur d'onde que Zeta Amrith.
C'est une bonne série comme on en fait plus, où Yuasa n'était pas brimé et avait les mains libres pour aller loin dans le trash.
De Yuasa, je n'avais vu que Kick heart et Ping Pong.
Après avoir regardé devilman crybaby, Ping Pong reste mon Yuasa préféré sans hésitation.
Ping pong, c'est bien raconté, les personnages sont bien dépeints et leur développement se poursuit de manière fluide sans longueur mais aussi sans aller droit au but. Le rythme impeccable quoi.

Et là, je touche mon principal grief sur devilman crybaby car ça va trop vite, les évènements, le revirement de certains persos manque un peu d'épaisseur.
Après faut pas déconner, ça reste du lourd surtout dans le paysage actuel de la japanime où ce genre de projet s'inscrit direct dans le haut du panier du top annuel.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Tetho le Mar 16 Jan 2018, 14:42

J'ai pas encore vu la série (le vilain Ialdounet me l'interdit tant que j'ai pas fini mes devoirs Kaiba) mais le manga de Débileman par Nagai va très vite aussi et se torche allègrement sur certains aspects les plus intéressant de l'histoire. Surtout dans la seconde partie (après Jinmen (ou les voyages dans le temps dans le manga)).
Donc je ne mettrais pas cet aspect de la série sur le dos de Yuasa mais plus de ses producteurs qui ont du lui demander d'adapter fidèlement la trame du manga.
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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Aer le Mar 16 Jan 2018, 15:07

Vu qu'il y a des coupes et une sacré modernisation, je sais pas si l'argumentaire tient vraiment. Les évènements importants sont la mais c'est bien tout. J'ai toujours pas continué mais les quatre premiers vont quand même vite.
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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Ialda le Mar 16 Jan 2018, 15:23

La dernière ligne droite du manga (les expériences des humains sur les devilmen, ce genre de choses) a été sacrifiée dans la série de 2017, il aura peut-être manqué un épisode supplémentaire pour avoir une adaptation bien proprette. Mais d'un point de vue dramatique, la mort de vous-savez-qui et le final s'enchaîne tellement bien que ce n'est peut-être pas un mal.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Gemini le Mar 16 Jan 2018, 17:05

Vu les quatre premiers épisodes, mais je ne suis pas encore sûr de continuer. Je rejoins Zeta Amrith sur les qualités de la série, et la liberté dont a bénéficié le réalisateur. Et en même temps, certains aspects me dérangent. J'avoue ne pas être un grand amateur de Yuasa ; en l'occurrence, je trouve que son style graphique ne rend pas forcément grâce à l'aspect hyper-sexualisé de nombreux démons. Dans le premier épisode, quand les seins d'une fille commencent à être pris d'une furie cannibale, je le sentais pourtant bien, jusqu'à ce qu'elle se transforme en une sorte de gelée informe décevante. Surtout, le manga allait extrêmement loin dans l'horreur et le dérangeant, en particulier dans le comportement des humains. Et compte-tenu de ce que j'ai vu dans ces premiers épisodes, je doute que cette série aille aussi loin malgré ses intentions affichées ; comme s'il existait une sorte de plafond indépassable pour une série TV des années 2010, Netflix ou pas. En particulier, le combat contre le simili-Jinmei m'a plutôt déçu, alors qu'il s'agissait paradoxalement du moment le plus réussi du pourtant médiocre Cyborg 009 VS Devilman - que j'ai aussi découvert sur Netflix.
J'adore le manga, je ne m'en cache pas. C'est un titre qui m'a retourné le cerveau comme aucun autre. Mais tout ce que j'ai pu voir ou lire depuis se réclamant de son héritage - en particulier Bloody Delinquent Chainsaw, manga clairement sous l'influence de Go Nagai - m'a paru édulcoré, trop sage. Cette série, malgré un niveau de violence rarement atteint, ne fait pas exception. Dans le fond, je me demande si le problème ne vient pas de l'accent mis sur la violence physique au détriment de la violence psychologique. Car ce qui faisait de Devilman un manga éprouvant, ce n'est pas tant son hémoglobine que ses transformations monstrueuses et le traitement de ses personnages.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Tetho le Mar 16 Jan 2018, 18:00

Ialda > c'est pareil dans le manga. Akira rassemble les débilemen pour organiser la résistance mais ne va pas plus loin. Nagai n'était pas franchement intéressé par le combat entre les humains et les démons en soit, c'est la descente aux enfers d'Akira qui l'intéresse. Du coup ce qui se passe ensuite est d'une intensité et une efficacité rare, parce que c'est le drame d'Akira à son paroxysme. Puis le manga part définitivement en sucette pendant la conclusion parce qu'il ne sait plus ce qu'il veut raconter et fini comme il sent.

C'est un truc que je regrette vraiment, ce qui m'intéresse dans ce genre de récit c'est justement comment la vie des gens ordinaires peut basculer en un instant dans un fantastique qui les dépasse complètement. Il y avait de quoi faire avec les débilemen qu'on croise.



Ha sinon, je crois qu'il y a des fans du remix chelou de Débileman no Uta ici, non ? Je laisse ça ici.
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Zêta Amrith
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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Zêta Amrith le Mar 16 Jan 2018, 19:20

Ouais, sauf qu’ici ce sont les premiers épisodes les plus rushés, davantage que les suivants. Okouchi estime qu’il a trois minutes à accorder à Grand Corps Malade qui slam ou à ses potos rappeurs chez Flunch qui font des courses à Prisunic, mais pas deux à poser sérieusement les termes du récit, dont il considère que tout le monde connaît déjà le manga donc c’est pas la peine. Le format dix épisodes est une gageure mais il n’explique pas tout.

Esthétiquement aussi, c’est en-deça de la promesse. Je pense que lui donner un côté plus "brouillon", sketch/brut – genre en laissant les traits déborder ou en réalisant certaines séquences en noir et blanc, aurait vraiment hissé Devilman Crybaby à un tout autre niveau. La direction artistique à main levée, ces décors vides à la Shaft des petits jours, tout ça manque pas mal de mordant or ça n’était pas difficile, en conservant la même base de dessin, d’ensauvager le rendu. L'équipe a son style et je l’en félicite, mais faire Devilman comme tu fais Kaiba est une occasion manquée.

Ping Pong ça irrigue son matériel. Le fond et la forme n’y font qu’un. La cohérence esthétique est constante, le réalisme des mouvements est inattaquable. La bande-son est fantastique en elle-même et savamment mise en avant. Un supokon relatif y est utilisé pour illustrer la dualité passion/nonchalance qui s’est emparée de la jeunesse japonaise après la bulle économique. Aujourd’hui c’est un classique, demain ce sera peut-être un grand anime.

Devilman Crybaby est un très bon titre mais il est inférieur au manga de Nagai, dont les aspects les plus pervers sont préservés mais dont la force destructrice elle n’est pas franchement présente à l’écran. Et je dis ça alors que ce sera au minimum, sans doute possible, l’un des cinq meilleurs anime TV de l’année. Preuve qu’à défaut d’être le génie que certains y décèlent, Yuasa sait au moins s’arrimer aux projets qui comptent. Il essaie de tirer l’animation japonaise vers le haut quand les autres nous plongent sciemment la tête dans la fange, donc chapeau quand même.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Eltreum le Mer 17 Jan 2018, 16:14

C'est drôle de se dire que voilà encore un anime venant tout droit des années 70 pour donner un "pourquoi je regarde des anime malgré le temps qui passe". Sans arriver à l'excellence (à causes de certains défauts), Devilman Crybaby reste un anime indispensable de 2018.

Le style Yuasa va t-il avec Devilman ? Pas vraiment mais ça attire la curiosité ce mélange assez tape-à-l'oeil, cela finit par passer. Cependant, c'est une des raisons qui ne permettra pas à ce remake d'atteindre l'excellence.

L'histoire est fidèle et tente d'aller à l'essensiel, ne s’éparpille pas trop. L'idée d'inclure l'anime dans l'anime permet pour les connaisseur de se dire "reboot du monde" où finalement les humains n'apprennent rien alors qu'il ont "tout le truc" sous les yeux.

Toute la hargne des années 70, "du sexe et violence" mais le problème c'est que c'est gratuit sans insister sur l'intensité ou la folie des personnes normales qui réagissent assez bêtement, pour gober que ce soit des réactions "réalistes".

Autant actualiser ça version "nouvelles technologies" et "réseaux sociaux" passe bien, autant ça passe si vite comme de l'information compressée et brouillonne.

10 épisodes est un peu court, 2 ou 3 de plus aurait pu permette de mieux étoffer certains passages. Car les combats, les transitions, les infos sont assez décousus.

Puis, il est clair qu'il faut connaître le manga original ou avoir vu les OVA pour apprécier toutes les subtilités. On dirait que le nouveau public doit un peu chercher pour comprendre ce qui se passe parfois.

ChaosLink a écrit:et a délivré un message d'espoir et d'amour.

Pour moi, c'est tout l'inverse. Quand on voit un peu d'espoir ou un peu d'amour, c'est détruit peu après aussi ironiquement que brutalement (un bon point) :mrgreen:


Au final, c'est une orgie violente et bestiale pour les yeux, mais toute la force et vraie noirceur du manga n'arrive pas toute à fait à pouvoir se faire une place reconnue (dans le sens adaptation ultime et dont les qualités sont unanimes pour ce titre d'excellence) en 2018. C'est comme si la série avait été commandée (en dehors des "50 ans"), pour satisfaire un nouveau public avide de sexe/violence (Netflix aidant) avec la procuration d'un anime tiré d'une légende mangatesque.


Image
Gif de l'OVA Amon, où Akira voit et ressent toute la folie des hommes.
Lui donnant une haine méritée pour le genre humain. Bien qu'assez imparfait,
c'est une intensité sincère peu présente sur Crybaby.
R....

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Zêta Amrith le Mer 17 Jan 2018, 19:39

Yuasa se voit reprocher le caractère "international" de Devilman Crybaby - et par extension de l'ensemble de sa production - par un scribe de deuxième catégorie se sentant subitement dépossédé de sa japonité. Ce dernier trace néanmoins une ligne de démarcation entre "anime otaku" et "anime subculture" qui n'est pas dénuée d'intérêt si l'on considère que les deux concepts furent autrefois quasi-équivalents.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Ramior le Mer 17 Jan 2018, 19:48

Coïncidence quelqu'un à fait une vidéo sur ce "scandale".



Je vois pas l’intérêt d'accorder d'importance à ce genre de "polémique", c'est juste l'histoire d'une grande gueule qui veut son moment de gloire et qui pour ça s'attaque à quelque chose de populaire. :roll:

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Tetho le Mer 17 Jan 2018, 20:51

Ça fait de façon intéressante échos à cette idée, assez populaire en ce moment dans le fandom occidental, que le salut de l'animation japonaise viendra des financeurs étrangers. Netflix le premier mais aussi Amazon ou Crunchyroll. Idée ultra auto-complaisante qui baigne dans l'idée que l'industrie est désormais incapable de retrouver son mojo seul et que c'est à l'occident de la guider vers ses racines. Hors si je ne nie pas que ces co-production ont parfois eu du bon (Manga Entertainment avec GITS et SAC ou Disney sur Innocence) ça a dans l'ensemble aboutis soit à des anecdotes (Ulysse 31 ou Les Cités d'or), des catastrophes industrielles (le gros de la prod de Gonzo au milieu de la décennie précédente qui a fini par planter le studio là où il est désormais) ou à des bras de fer inter-culturels qui ont pu (manquer de) compromettre des projets (Atom 2003).
C'est au Japon de se retrouver ou, plutôt, de se réinventer. L'ingérence créative occidentale n'aboutiras pas à grand chose de bon.


Maintenant ceci dit Yuasa me semble malgré son style atypique un pur réalisateur d'anime au sens premier du terme. Il porte en lui l'héritage de ses années chez Shin-ei et ça c'est complètement J-animation. Son succès en occident, particulièrement chez les professionnels, me semble plus un accident de l'histoire qu'une véritable volonté de viser l'occident.
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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Zêta Amrith le Mer 17 Jan 2018, 23:48

Le premier problème c'est que Netflix ou Disney ne sont pas la culture américaine.
Tout juste essaient-ils de la posséder.

Tetho a écrit:[Comme si seul l'occident] pouvait guider [l'industrie] vers ses racines.

Elle a tout fait après les années 90 pour enterrer que ses racines étaient occidentales anglo-américaines. La quasi-intégralité des oeuvres majeures qu'elle a produites découlent d'une importation forcée, mais il se peut que, même si elle s'en était souvenue par la suite, ce type d'impulsion soit à double-tranchant. Je me pose la question en cet angle des fois.

L'anime qui la joue 100% nippo-japonais, on sait à quoi il ressemble : harem anime, séries à idols, isekai de light-novels. Une usine à fange et un témoignage inestimable de la mort cérébrale guettant tout pays auquel on impose soixante ans durant un modèle socio-économique ne correspondant pas à son histoire - l'interrogation se pose aussi pour la France, dont l'audiovisuel apitoierait un tueur cannibale. A partir d'un certain temps/degré, peut-être que les influences bénéfiques de la superstructure cèdent la place à une décomposition plus profonde, socialement ancrée. Le monde anglo-saxon aurait sans le savoir engendré un demi-siècle de culture japonaise signifiante tout en détricotant sur le long-terme la société dont elle émerge, conduisant par un effet de dialectique aux turpitudes de l'industrie actuelle. Dont le crime ne serait donc pas, contrairement à ce que je peux dire de temps à autres, d'être trop japonaise, mais de n'être pas assez quoique ce soit en tant qu'ouvrage d'un territoire vidé de ses référents anthropologiques. Un peu comme le terme "otaku" est devenu irritant du jour où il a servi à qualifier ceux que Okada décrit comme ayant tourné le dos à ladite culture otaku ; c'est d'ailleurs ce qui ressort encore de la séparation faite entre "anime otaku" et "anime subculture" par l'autre zigoto, sauf que lui a choisi le premier camp.

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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Tetho le Jeu 18 Jan 2018, 01:07

C'est probablement pas le bon sujet pour en parler, mais bon vu qu'on a commencé ici...

Tel que je le vois c'est moins l'état de la société japonaise qui fait que qu'une évolution logique du fandom. Les premiers créateurs d'anime n'étaient pas des fans, c'était avant tout des producteurs qui essayaient de recréer au Japon ce qui fonctionnait ailleurs (lire "chez les américains" vu que c'est la culture de ces derniers qui a irrigué le Japon de l'après-guerre). Les ambitions de la Toei étaient d'être le Disney de l'orient, Takahata est un grand amateur de cinéma et ça se sent dans son approche de la réalisation, Yamato ce n'est rien d'autre que Star Trek par le prisme de la seconde guerre mondiale en Asie, Gundam c'est les romans de Heinlein croisé avec la même seconde guerre mondiale en Europe (Tomino étant de nature universaliste), Takahashi aussi allait chercher ses influences dans le cinéma américain et européen...
Puis arrive la première génération de fan devenu créateurs, celle qui a grandit en regardant Yamato et Gundam, celle de l'époque où fandoms anime et SF ne faisaient qu'un, celle des Anno, Kawamori, O'bari et autres Hirano. Des créateurs qui vont chercher à recréer ce qui lui plaisait "en encore mieux". Ce n'est pas pour rien que Macross est le véritable premier anime post-moderne avec son mélange improbable "les robots de Gundam dans le Yamato qui protègent des idols". Ce n'est pas pour rien que c'est à cette époque que des anciens rolistes créent Les Chroniques de la Guerre de Lodoss. Ce n'est pas pour rien qu'à cette époque les projet de mini-séries d'OVA souvent high-concept et presque toujours dans un contexte SF plus ou moins bâtarde.
Puis vient la génération de créateurs post-Evangelion qui a grandi en regardant les œuvres de la génération précédente et vont tenter d'émuler ce qu'ils ont aimé. Et le cycle se reproduit à nouveau avec les créateurs actuels. C'est le syndrome de la photocopie de photocopie de photocopie. Naturellement, et à force de regarder leur nombril, ils se sont coupés de leurs racines. C'est pas pour rien qu'un Urobuchi arrive à être un créateur de premier plan de nos jours, dans une industrie qui célèbre de la fantasy de supermarché comme Zero no tsukaima ou la SF bâtarde comme Strike Witches c'est un des rares qui cites K. Dick, Lovecraft ou Goethe. Au royaume des aveugles...
Je suis parfaitement d'accord avec toi que l'animation japonaise s'est construite sur une base de culture occidentale, mais à chaque fois réinterprétée par le prisme de la conscience nippone. C'est pas pour rien que les animes produits par WOWOW sont restés fidèles à ces racines plus longtemps que les autres, c'était une chaine payante spécialisée dans la rediffusion de films hollywoodiens. Même lorsqu'ils produisaient une rom-com comme Onegai Teacher l'excuse de la SF étaient là. Le risque avec la tendance plus haut c'est de voir les désires des fans occidentaux, ou pire l'idée de ce que ces fans veulent, servir de base aux projets. Et ça on sait à quoi ça aboutis, des Under the dog, des Bakuretsu Tenshi et autres Speed Grapher (et probablement maintenant des clones au rabais de Kimi no Na ha.). Soyons clair, j'en sais énormément gré à Netflix et Aniplex d'avoir permis un Débileman Crybaby d'exister, même si Netflix n'est probablement pas à l'origine du projet, mais quand je vois les autres projets de co-production, de FLCL 2&3 à Perfect Bones en passant par Children of Aether je me méfie énormément te je me dit que quelque chose de pire que la batardisation qu'à connue l'animation Japonaise ces 15 dernières années nous menace.



Zêta Amrith a écrit:Le premier problème c'est que Netflix ou Disney ne sont pas la culture américaine.
Même s'ils essaient de la posséder.

Ils en sont aujourd'hui les principaux diffuseurs. Quand Disney place de façon consistante 5 films par an dans le top 10 des films les plus rentables de l'année ils en deviennent le porte-étendard. Parce que l'image qu'ils projettent rayonne dans le monde entier. Ce n'est pas pour rien si quelques années après le début du MCU on a vu les mangas/animes ayant pour sujet les super-héros ressurgir en masse. Parce que d'un coup Marvel et Disney ont envoyé un signal fort que le cool du moment c'est ça.
Et Netflix avec sa puissance de diffusion qui rend instantanément n'importe lequel de leurs programmes maison disponible dans plus de 100 millions de foyers dans le monde entier dispose d'une puissance comparable. D'autant plus qu'avec eux un succès en est un dès qu'ils l'annoncent, vu qu'aucune mesure indépendante de leurs audiences sont disponibles. Tu sais bien que personne ne se serait intéressé à l'anime de Sidonia no Kishi si au lieu d'être diffusé sur Netflix il l'aurait été sur Crunchyroll ou, pire, en fansubs. Mais d'un coup grâce à la puissance de Netflix ça été un succès qui a été suivi par les films de BLAME! et Godzilla.
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Re: Anime : Devilman Crybaby

Messagede Zêta Amrith le Jeu 18 Jan 2018, 02:35

Ca a eu du succès BLAME! sur Netflix ?

La possible mainmise sur l'animation japonaise (comme le reste) par d'énormes trusts américains dont l'OPA sur le divertissement hégémonise et donc appauvrit est tout sauf une perspective réjouissante. Je prends acte de quelques décisions éditoriales pertinentes chez Netflix, sans cautionner le principe d'une plateforme étrangère qui à terme déciderait des contenus à venir ou des licences à ressusciter au Japon. Il se peut d'ailleurs que les critiques qui visent Devilman Crybaby au Japon portent en fait davantage sur le monopole qui le diffuse que sur la série en elle-même.

Ta généalogie des créateurs a du sens, je la prends volontiers. Mais à une génération donnée correspond aussi une inclination politique. J'ai le sentiment que la génération 60/70 dont Nagai fut une pièce centrale scandait "La transformation ne va pas assez vite". Que celle des années 80/90 a freiné des quatre fers, et que celle qui réalise l'animation japonaise d'aujourd'hui a simplement choisi la voie de l'indifférence complète. Elle n'a d'avis ni de préférence sur rien, et de ce vide idéologique/conceptuel ne ressortent plus suffisamment d'éléments porteurs pour confectionner les fondations d'une culture.

Tetho a écrit:L'animation japonaise s'est construite sur une base de culture occidentale, mais à chaque fois réinterprétée par le prisme de la conscience nippone.

En témoigne la manière dont un Yamato de 1974 utilisait Star Trek pour proposer l'exact contraire des valeurs véhiculées par la série de Roddenberry. Mais ça concerne aussi le film de monstres géants, qui débute aux USA vingt ans avant le premier Godzilla mais sans la fibre écologique, ou le chambara qui est la plus habile réappropriation internationale du western, ôde à la condition de l'homme japonais. C'est toute la "pop-culture" qui leur tombe sur la gueule.

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