Anime : MIDORI-KO (Keita Kurosaka)

[Zêta Amrith]

MIDORI-KO

Je reposte ces lignes dans un topic dédié à l'occasion de la sortie de Midori-ko en salles au Japon.
Le thread pourra éventuellement servir à revenir sur l'ensemble des productions de l'auteur.

Tokyo 20XX. Végétarienne depuis sa plus tendre enfance, la jeune Midori tente de découvrir l'aliment qui pourrait faire cesser la famine dans le monde. Un jour, elle tombe nez-à-nez avec une sorte de courgette vivante au faciès de bébé pour laquelle elle se prend d'affection. Mais tous ses voisins se mettent à convoiter l'étrange légume...



Dernière oeuvre en date de l'animateur expérimental Keita Kurosaka - icône de l'autre animation japonaise, le fruit de douze années d'efforts en partie financées par les débroussailleurs de Mistral Japan. A lui seul, l'homme cumule les fonctions de créateur, scénariste, storyboarder, designer, dessinateur des quelques 30 000 crayonnés et réalisateur du métrage de cinquante-deux minutes. Peintre de formation, électron libre ayant perfectionné son trait à l'école des Beaux-Arts en France et réfutant le titre d'animateur, Kurosaka fait partie de ces quelques aiguilleurs de l'animation underground japonaise à s'être fait un nom dans les festivals internationaux, au même titre qu'un Bill Plympton incarnant l'animation indépendante US aux quatre coins du globe.

On le sait, il n'est pas rare que l'animation expérimentale devienne le refuge ou l'alibi de prédilection d'animateurs un tantinet cuistres ne sachant pas dessiner. Clairement, Midori-ko n'entre pas dans ce cas de figure là : chaque dessin, tantôt monochrome et figé, tantôt profondément organique, témoigne d'une évidente virtuosité doublée d'une passion pour Goya. L'arôme européen est manifeste, à travers les parodies de sculptures classiques - tels le Laocoon Group - se relayant à l'écran entre deux natures mortes. Fondue dans les mêmes marmites continentales, la fascinante musique d'avant-garde est quant à elle signée Sakamoto Hiromichi. Derrière les gammes entêtantes, horreur carnassière, spleen sédentaire, paraboles érotiques et humour noir se conjuguent sans se concurrencer. Comme l'exige souvent ce type de productions, le sens général de l'histoire de même que sa conclusion portent à l'interprétation plutôt qu'à l'aphorisme, mais de toutes les manières, c'est encore le vernis de la civilisation qui trinque. Plus dérangeant et insaisissable que ce que le Cool Japan veut bien nous laisser renifler, Midori-ko, premier long-format de Kurosaka, ne laisse pas indifférent, et permet à l'auteur de s'accaparer le trône situé sur la face cachée de la Lune.

Filmographie principale de Keita Kurosaka :

- 1988 : Sea Roar
- 1989 : Worm Story
- 1990 : Personal City
- 1991 : Haruko Adventure
- 1992 : Box Age
- 1994 : ATAMA
- 1997 : Flying Daddy
- 1999 : Dragon
- 2006 : Agitated Scream Of Maggots
- 2010 : Midori-ko